Un drame : 52 victimes

Publié le par PAtrice Rolli

Un drame : 52 victimes

 

« Même s’ils ont fauché tant d’étoiles, Le ciel ne sera jamais dépouillé »

                                                                                                                                                                                                         

                                                                                                              Lounès Matoub, juin  1993

 

 

       Alors que les maquisards quittent Mussidan, les Allemands raflent de façon arbitraire environ 350 personnes. Suivent des moments d’angoisse et d’incertitude.  Les otages désignés sont fusillés.

 

Brutalisés, les otages sont conduits vers le chemin de Gorry. Ils y sont mitraillés et achevés par la Brigade Nord-Africaine. Vers 21 heures, Camille Christmann, secrétaire de mairie, et Raoul Grassin, Maire de Mussidan, sont assassinés, après avoir été longuement martyrisés. De nombreux commerces et maisons particulières sont soumis au pillage… La ville semble avoir échappé à l’incendie voulu par Hambrecht, chef de la Gestapo.

 

Les habitants de Mussidan ne découvrent le charnier que le lendemain matin. Seuls Marcel Charpentier et Antoine Villechanoux survivent, malgré leurs blessures.

 

Marcel Charpentier : « Il est 20 h 45 environ, nous sortons par le grand portail, toujours sur deux rangs, encadrés de 20 à 25 bicots sous le commandement du chef de la Gestapo, Hambrecht. Ils nous dirigent rapidement par la rue de Bordeaux vers le chemin de Gorry ; au moment où nous entrons dans ce chemin, je me rends compte que nous allons être fusillés. […] ״ Par un, à  gauche ״ commande le chef et, dès que nous sommes en place, il ajoute pour ses assassins : ״ Fusillez-moi tout ça. Feu ! ״. Les mitraillettes crépitent à deux mètres de distance dans notre dos. Tout le monde est tombé à la fois et j’ai perdu connaissance. »

 

 

Antoine Villechanoux : « Tous sont tombés mais je n’ai pas perdu connaissance. Je n’ai entendu ni cri, ni plainte. Cependant, retentit ce nouvel ordre : ״ Achevez ceux qui ne sont pas morts ״. Les bicots ont alors achevé leur œuvre en passant par deux fois derrière nous. »

                                                  Mussidan et ses martyrs : 17-22

 

 

« Otages »

 

Nous étions plus de dix, alignés face au mur,

Les bras levés de force au‑dessus de la tête.

Vêtus de vert‑de‑gris, fervents de la gâchette,

Quatre sous‑officiers veillaient d'un regard dur.

 

Tout espoir semblait vain, mais ce qui reste sûr,

C'est que nul d'entre nous, d'un élan très honnête,

N'aurait pu, sans frémir en acquittant sa dette,

Faire couler un sang soupçonné d'être impur.

 

Vint le moment du tri, perçu comme arbitraire,

Dont ne ressortait pas le principal critère.

Sans comprendre pourquoi, je pus enfin partir.

 

En lettres d'or, six noms sont gravés sur la pierre

Où je reviens souvent, fidèle au souvenir,

Moi qui ne suis pas juif, pour dire une prière.         

 

                           Poème écrit par René Minvielle, Mussidanais pris comme otage à La Prunerie-La Cavele 15 juillet 1944 : Six Juifs sont exécutés ce jour-là, au lieu-dit « La Barde », sur la RN 89.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article