La Résistance après le 11 juin : de la Libération à la Victoire

Publié le par PAtrice Rolli

La Résistance après le 11 juin : de la Libération à la Victoire

 

           « Car muets sont les mots comme les sables

                                   Lorsqu’en eux le sang s’est glissé.

                                               De tant de morts donnez-moi la mémoire

                                                         Et leur souffle sur le chemin des suppliciés »

 

                                                                           Isaïe Spiegel, Rescapé d’Auschwitz

 

         Du débarquement en Normandie jusqu’à la libération du département le 25 août 1944, deux longs mois s’écoulent encore. Malgré la perspective prometteuse d’une libération prochaine, la guerre est loin d’être terminée.

        L’occupant, conscient de vivre le début de la fin d’un empire qui devait, selon Hitler, « durer 1000 ans », se sent pris au piège. L’étau se resserre. Le chasseur devient gibier mais, dans un ultime sursaut, demeure féroce…

 

        Le soir du 11 juin, les maquisards du 4e bataillon FTP rejoignent leurs campements respectifs. Le lendemain, ils enterrent leurs neuf camarades tombés au combat la veille.

 

        En Normandie,  les alliés doivent combattre, jusqu'à la fin du mois de juillet 1944, une forte résistance allemande. En août, suite à une offensive, les armées allemandes évacuent le reste de la Normandie. Le débarquement allié est un succès. Cependant, la perspective de la capitulation allemande paraît encore lointaine. Les nazis espèrent encore, avec leurs « armes secrètes », inverser le cours de la guerre.

En Dordogne et notamment en Mussidanais, les maquisards, toujours plus nombreux, sont plus facilement repérables par l’ennemi. Le groupe « Roland  » se replie. Son périple le mène jusqu’à Marminiac, aux confins du Lot. A son retour dans la Double, il stationne non loin du groupe « François » qui se trouve au camp de Virolles, à Saint-Etienne-de-Puycorbier. Les actions se multiplient.

 

Le 27 juillet, c’est le drame de l’Espinasse. Venus aider leurs camarades attaqués à Saint-Germain-du-Salembre, ceux de Virolle  sont attirés dans un piège par un Français qui a prévenu les Allemands. Trente maquisards (29 du groupe FTP « François » et un du groupe AS « Paul-Henri ») sont massacrés ainsi que cinq habitants du hameau…

 

Le 6 août, le camp de Virolle qui regroupe plus de 600 maquisards est attaqué par l’ennemi. Après avoir rencontré une forte résistance, les assaillants investissent le camp. Le  combat reprend, contraignant l’ennemi à se replier. Les responsables du 4e bataillon décident alors d’évacuer le secteur dans la nuit. Les Allemands reviennent en force le 8 août, avec le soutien de blindés. Mais ils trouvent le camp de Virolle vide. Les FTP se sont installés à Echourgnac puis à la Latière, près de Saint-Aulaye.

        Le 8, alors qu’il se rend à Virolle pour savoir ce qu’il s’est passé, Emile Bazillou est arrêté. Questionné et sans doute porteur de papiers compromettants, il est martyrisé et abattu.

 

            « Bazillou avait avalé des documents mais ce n’était pas chose facile en présence des Allemands et un papier avait échappé à sa vigilance. Bazillou fut frappé. Il ne parla pas […]. Emile Bazillou, le visage en sang, fut emmené seul. Commença alors un long périple vers Saint André de Double. Le résistant fut abattu près de l’étang des Landes, non loin de la Barrière […]. Le corps d’Emile Bazillou ne fut retrouvé que neuf jours plus tard. »

           

                                                            Témoignage de Joël Pichardie (Bordes-Basso de March; 2000 : 155)

 

A partir de la mi-août, la majorité des troupes ennemies refluent vers l’Allemagne, à l’exception de celles qui tiennent les « poches de l’Atlantique ».

En Dordogne, c’est la libération tant attendue. Arrivés le 22 août à Mussidan, les résistants poursuivent leur avancée sur Montpon, Saint-Médard-de-Guizières, Libourne, Bordeaux puis se dirigent vers ce que l’on nommera « le front des oubliés » (les poches de l'Atlantique). Pendant de très longs mois, ils vivent dans des conditions très précaires (équipement, vie quotidienne) et sont confrontés à des Allemands très bien armés qui ne se rendent qu’au matin du 9 mai, lorsqu’ils apprennent la chute du Reich. Pendant ce temps-là, les soldats de la division Leclerc arrivent les premiers au Berghof, « nid d’aigle » et résidence d’Hitler.

 

C’est la fin de quatre années de cauchemar. Le plus grand conflit mondial s’achève dans la joie des peuples libérés. De nombreux résistants périgourdins se retrouvent en  Allemagne occupée, voire en Algérie… Pour la plupart, démobilisés à la fin de l’année 1945, c’est le retour à la vie civile…

 

« Et s’il était à refaire

Je referai ce chemin

Une voix monte des fers

Et parle des lendemains » 

 

Louis Aragon,  « Ballade de celui qui chanta dans les supplices »

 

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